dimanche 10 août 2014

Le gîté de 20 heures

Avril 2014: Une belle soirée s'annonce, pas trop chaude avec juste ce qu'il faut de vent pour approcher de mes modèles favoris. Je gagne les chemins qui traversent cultures et pâtures; l'oeil aux aguets. Voir avant d'être vu, c'est un des secrets !
Quand je le repère, celui là m'a déjà vu et sans doute entendu. Plaqué au sol, le lièvre fait confiance à son immobilité. Je joue le promeneur pressé et je passe sans un regard à quelques mètres du bouquin tapi.
Je laisse passer un quart d'heure avant de revenir, cette fois à contre vent et pas à pas. Je ne suis pas dupe, le lièvre sait que je suis là mais je fais vite partie du décor.
Je suis toujours surpris par le peu de mémoire immédiate de cet animal.
Je progresse, le lièvre est blotti entre les herbes, oreilles plaquées sur le dos. Il passerait aisément pour une motte de terre, une taupinière.

J'aimerai un portrait de face où l'ou pourrait voir les deux yeux de l'animal. Alors patience !! chaque pas devient plus délicat et je m'attends à voir le lièvre détaler.
Une heure passe, reste une touffe d'herbe qui gêne ma vision; les mouvements se font au ralenti; surtout ne pas accrocher le monopode dans la végétation, ne pas faire attention aux crampes qui font trembler mon bras soutenant le lourd téléobjectif.
J'y suis enfin, face à l'animal; mise au point manuelle pour minimiser les bruits; la bague tourne lentement; l'image met un temps infini à se former dans le viseur.
J'admire les gros yeux, leur couleur ambrée, le frémissements des narines. déclenchement prudent, deux fois puis une troisième.




Il est temps de partir, je suis reconnaissant à cet animal farouche qui a bien voulu me tolérer sur son territoire.
Je quitte le lièvre, marche arrière prudente avant de m'éloigner.



Le levraut est aussi un as du camouflage, saurez vous le repérer sur le sol forestier?


Ou dans ce sous-bois?


Seul l'éclat de ses yeux le trahit parfois





dimanche 3 août 2014

Derrière le rideau

Juin 2014
Caniculaire, la journée a été brûlante et nous ne sommes qu'au printemps.
19h30: Balade du soir sans trop d'espoir, il fait encore trop chaud pour observer la faune si ce n'est les papillons et les libellules; même les oiseaux se taisent.
La Nature est imprévisible; les certitudes sont  balayées. Même lorsqu'on croit savoir, fort d'une certaine expérience, les animaux nous ramènent à plus d'humilité. En résumé, ceux ci sont chez eux et ils font ce qu'ils veulent sans respecter les dogmes établis par des générations de naturalistes et d'observateurs. J'en fais une fois de plus l'expérience.
C'est d'abord une chevrette surprise en lisière et qui se laisse observer et photographier à travers un rideau d'herbes. Rassuré par ce fin paravent, le cervidé se laisse approcher. Reste à déclencher au bon moment au gré des mouvements des graminées.


Puis c'est un chat forestier maraudant à découvert.


Le félin s'arrête souvent, pantelant, mais il continue sa chasse diurne.

Un bond, le campagnol est vite avalé.




Le chat regagne la fraicheur relative d'une haie et s'éloigne. Je décide de tenter une approche.Vaste détour pour me trouver contre le vent puis lente progression en évitant d'écraser les branches mortes.
Les derniers mètres se font dans un massif d'orties me faisant regretter la finesse de mon pantalon et mes bras nus.

Le chat est assis, haletant à quelques mètres!



Moi, je guette et je n'en perd pas une miette ! Voyeur installé derrière le rideau des hautes herbes sèches qui me sépare du félin.
Le rideau s'écarte, s'ouvre ou s'entrouvre en fonction de la brise; le spectacle apparait par instant dans mon oculaire.
Le chat se dévoile, baillant largement  puis disparait derrière les tiges qui ondulent.


Il est maintenant très proche, gros plan des prunelles qui transpercent le mur végétal lorsque je change la mise au point de mon objectif.


Le chat rentre sous le couvert et le rideau retombe retrouvant son opacité. Fin du spectacle et je reprends conscience des caresses brûlantes des orties.







samedi 2 août 2014

Deux ados

Belle fin de journée, la chaleur s'estompe et les couleurs de la campagne s'avivent dans le soleil couchant.
Un troupe de cigognes déambule dans les chaumes à la recherche de campagnols. Les échassiers n'ont pas leur pareil pour harponner les rongeurs qui se dissimulent sous la paille.




Quelques kilomètres plus loin, un petit verger  est le terrain de jeux de deux renards. Les pelages fauves se poursuivent dans une herbe fraîchement coupée avant d'enchaîner bousculades et culbutes. Je ne peux résister et je tente une approche à quatre pattes sous la haie épineuse.
Je peux maintenant mieux les observer, ce sont deux renards de l'année; des ados inexpérimentés, du genre de ceux qui finissent sous les roues des automobiles. Trop insouciants encore!
Les deux compères se sont arrêtés de jouer, ils paraissent hauts sur patte, dégingandés, avec un pelage encore clair et juvénile.


Le premier quitte le pré pour gagner un maïs alors que le second s'attarde.

J'avance encore et le goupil me repère; je l'intrigue! Recroquevillé dans les broussailles, ma silhouette n'évoque pas un danger.


Le canidé approche me permettant quelques images.






Il est rapidement trop près, passe à 1 mètre de moi, me contourne, cherche à identifier cette forme et cette odeur. Moi j'en prends plein les yeux, souffle retenu et téléobjectif inutile.


Rassuré, l'ado renard s'éloigne pour déguster les quetsches tombées; un petit en-cas avant une maraude nocturne.

Délicieuse, cette quetsche !

 Le maïs se referme sur la pelisse fauve alors que le soleil disparaît.
Moi qui voulait rentrer tôt, c'est loupé!! Je plaide non coupable, c'est la faute des forêt, des champs et de tous les habitants qui les peuplent.