mardi 10 septembre 2013

Un tigre dans les herbes

Avertissement aux lecteurs:
Point de grand félin dans ces lignes mais une belle araignée à découvrir. De quoi réconcilier (je l'espère) les phobiques des arachnides au demeurant bien inoffensifs si l'on est pas soi-même criquet ou papillon.
Voici une espèce facile à observer en fin  d'été et aux coloris surprenants.

30 août

C'est encore l'été mais les matins ont déjà un goût d'automne, les petits fruits de la haie commencent à se colorer et la rosée a tôt fait de tremper mon pantalon alors que j'avance dans les hautes herbes bordant une pâture.
C'est ici que se cache un redoutable prédateur, chasseur en embuscade et amateur d'insectes en tous genres.
L'épeire fasciée ou argiope frelon (Argiope bruennichi) porte une livrée vive pouvant évoquer un redoutable hyménoptère mais son abdomen rayé a une tout autre rôle; c'est une tenue camouflage efficace qui lui permet de se fondre parmi les tiges et de capturer deux fois plus de proies (d'après une très étude sérieuse, eh oui, la science se niche partout !).


Le bel arachnide tisse son piège à l'aube ou au crépuscule, l'ouvrage lui demande une heure de labeur avant de se poser au centre de sa toile et de patienter.
Coup de chance pour moi, la rosée met en évidence les toiles et facilite les recherches.
Chaque fil se transforme en rivière de diamants étincelants, et les toiles se matérialisent à foison dans la végétation.

A chaque araignée sa toile et son architecture; l'argiope fait partie des araignées orbitéles; entendez par là qu'elle tisse une toile géométrique orbiculaire.



Son ouvrage est fait de fil gluant qu'elle secrète avec ses filières situées au bout de son abdomen.
La toile s'orne d'un tapis serré et d'un  zig-zag, le "stabilimentum" (les arachnophiles ne me pardonneraient pas de taire ce nom savant!) aux rôles incertains: stabilisateur de la toile, renfort ou structure attirant les insectes en reflétant les ultraviolets.

Mes pas effrayent les insectes et je provoque la perte d'un criquet qui atterrit dans la toile de l'ogresse.



Les mouvements du criquet attirent l'attention de l'argiope. Du bout de ses pattes, l'araignée analyse les vibrations avant de se précipiter.


Rien ne faut un bon emballage,  mais en soie SVP !!


Vite, il faut neutraliser les mouvements de la prise et l'arachnide déroule des faisceaux de soie à partir des filières situées sous son abdomen.


La soie de l'araignée: une merveille de technologie


Plus résistante que l'acier voire le kevlar à épaisseur égale
Capable de passer de l'état liquide au solide 
Impossible d'y échapper, et pour les grosses proies, l'argiope ne prend aucun risque et attend que la victime soit bien ficelée avant d'approcher et de lui infliger une morsure fatale.

mardi 3 septembre 2013

L'énigme du sphynx.............. du pin

8 Août
Le beau temps incite plus à la balade mais les travaux d'entretien s'imposent et me voici occupé à nettoyer et lasurer les volets de la maison, vaste tâche qui se déroule dans le jardin et ne m'empêche pas d'observer les oiseaux qui passent ou le manège des insectes sur les lavandes.
Une forme se découpe à contre-jour à l'extrémité d'un rameau de pin; la forme caractéristique d'une chenille de sphynx avec sa corne sur le derrière. Je veux voir ça de plus près, j'abandonne les pinceaux pour une échelle et ma boîte à images.
Oublié le bricolage et la barbouille !!
Très mimétique, la chenille a adopté des lignes latérales qui lui permettent de se fondre dans les aiguilles du conifère.
Pas facile de jouer les fakirs sur ce tapis d'aiguilles


On peut dire qu'elle possède des mandibules en acier, le repas est coriace à mastiquer et sans doute gorgé de résine.

Rien de tel qu'une bonne tranche de pin pour déjeuner!


Et de faux yeux pour impressionner son monde!


De derrière, un vrai rhinocéros !

Pour parodier l'énigme du sphynx (de Thèbes celui là), une devinette:
Qui est ce qui marche sur 16 pattes le matin, incapable de bouger à midi et se déplace sur 6 pieds le soir avant de prendre son vol?

Le sphynx du pin bien sûr.

Les solutions dans les lignes qui suivent.

Au matin de sa vie, le sphynx alors chenille possède 5 paires de pattes adhésives (fausses pattes) et 3 paires de vrais pattes capables d'agripper l'aiguille pendant la mastication.

La cinquième paire de "fausses pattes" est au bout du corps (voir photo précédente)


A "midi", la chenille descend de son arbre nourricier pour s'enfouir dans le sol ou juste sous le tapis d'épines sèches. Elle devient léthargique, se contentant de s'enfouir à nouveau si on la découvre.
La chrysalide se dévoile, la peau de la chenille gît en accordéon à son extrémité.

D'abord verte, la chrysalide devient vite brune.


On distingue déjà la trompe et la forme des ailes
Indiscrétion! Pour petits curieux de Nature seulement
On peut même déjà connaître le sexe du futur papillon.
Mieux qu'une échographie alors!!!

Deux orifices à l'extrémité de l'abdomen c'est une fille, les garçons n'en ont qu'un !
Oui, il faut une loupe ou de très bons yeux

Pour la fin de l'énigme, au soir de la vie du sphynx, le papillon apparaît, doté comme tous les insectes de 6 pattes qui lui permettront de gagner la surface avant de s'envoler pour convoler.
Et la photo du papillon alors?
Chut !! la chrysalide dort pour l'instant, enfin en apparence.
Pas d'inquiétude, je surveille et dès que je peux, vous aurez la primeur des images.
A suivre...................